Ton périple s'est interrompu, non pas du fait d'un quelconque incident de parcours, mais parce que, si ta tête démontrait les superbes facultés qui avaient, sans aucune altération, préservé ta lucidité et ton bon sens, ton corps souhaitait dormir de plus en plus souvent. Le grand sommeil dont les tentacules soporifiques t'attirait, t'as invité à visiter un monde apaisé.

Tu visais les 100 bornes, pour atteindre un record, mais le record n'est pas dans le nombre, Jean.
Le record est dans la qualité de ce que tu as donné, reçu et échangé. Ton record est un record d'amour.

Une magnifique histoire d'amour…
Avec Gladys, ma maman. Pendant 25 ans, vous avez tissé une complicité que beaucoup de couples vous enviaient. Grâce à elle, ton long chemin a bien souvent emprunté des allures d'autoroute…

Une magnifique histoire d'amour…
Avec ta peinture, que tu nourrissais de ton imaginaire frais, fureteur, spontané et truculent.
Grâce à elle, tu as exprimé tout ce que ton enfance n'avait pu traduire.

Une magnifique histoire d'amour…
Avec la vie, que tu aimais et dont tu sus faire un usage exemplaire.
Petit homme, grand seigneur.

L'endroit où tu es arrêté dispose d'un magnifique panorama. De ton point de vue, tu fouilles du regard les paysages que tu as traversés, ceux que tu as peints, et qui respirent la joie de vivre, ta joie de vivre, authentique et communicative.

Jean le malin, Jean le coquin, tel que je te décrivis dans une chanson fêtant tes 90 ans, tu vas vivre en nous, en nos multiples pensées, toujours en train d'inventer, de peindre, de dépeindre, de rire et notre vie va rebondir, aidée de ton souvenir inaltérable.

À la fin de cette cérémonie, chacun de nous prendra une rose et recouvrira ta dernière demeure de fleurs, fleurs que tu peindras sur la toile de nos très affectueuses pensées.

Petit homme, grand seigneur.